mardi 23 avril 2024
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L’espoir en ligne de mire

Par Adly Kaffel

Avancées, solutions, issues. En ces temps de crise et de marasme, ces mots porteurs d’espoirs se font malheureusement bien trop discrets.

Entre les pseudo-politiciens qui peuplent les plateaux télés et les pages de journaux pour leurs frasques plus que pour leur travail, les citoyens désabusés qui crient leur désespoir sur les réseaux sociaux, ou encore les journalistes annonciateurs de catastrophes qui remuent le couteau dans la plaie, peu d’entre nous usent leur plume ou leur voix pour proposer des idées ou des plans pour s’en sortir. C’est pourtant dans cette direction que notre énergie devrait se focaliser, regarder le fonds du puits ne nous en fera jamais remonter à la surface …

Aujourd’hui pourtant, beaucoup d’entre nous travaillent corps et âme à créer un monde meilleur, à commencer par notre cher pays, et mériteraient plus de reconnaissance que ce qu’ils reçoivent actuellement. Des gens de toutes classes et de tous horizons se battent avec leurs moyens, aussi modestes soient-ils à l’échelle de ce que des gens plus puissants peuvent réaliser, et tentent de créer un avenir meilleur. Ceux-ci méritent plus de lumière, ne serait-ce que pour faire renaître l’espoir dans le coeur de toute une génération.

La jeunesse tunisienne est au coeur de ce combat, elle à qui l’on martèle que la Tunisie était si belle à l’époque de Bourguiba, qu’elle était remplie d’opportunités et qu’il faisait bon y vivre, aux antipodes de notre époque ravagée par l’injustice, la discrimination et la violence. Cette jeunesse est lasse de ce discours, de ces incessants « el bled mchet » rabâchés par ceux qui ont vécu les années dorées de notre histoire. Cette jeunesse qui veut regarder vers l’avant mais ne peut s’empêcher de se retourner, de peur que le coup d’une roublarde matraque ne s’écrase sur sa tête. Cette jeunesse qui veut prendre son envol et accrocher le wagon de ses rêves mais qui n’a de cesse de se voir attraper la cheville par un bras jaloux et fripé. Cette jeunesse qui veut enfin construire mais qui voit les ruines s’accumuler sur son corps.

Cette jeunesse ne compte aujourd’hui plus sur son État censé lui fournir un environnement sain et sécurisé, elle ne compte plus sur son gouvernement censé l’aider à développer ses idées et ses projets, elle ne compte plus sur sa police censée la protéger plutôt que la racketter. Cette jeunesse, qui n’a pour sa patrie qu’amour et espoir, est en train de virer à une génération emplie de haine et d’amertume.

Depuis la Révolution du Jasmin, plusieurs têtes se sont succédées au pouvoir dans ce pays, sans qu’aucune ne puisse réellement prendre la main et mettre en place un projet viable, la faute à des querelles intestines plus proches des bagarres de cour de récréation que des croisades de nos ancêtres. Pourtant, avec une démocratie naissante, le terrain reste propice au fleurissement d’idées novatrices. Mais compter sur ceux qui ne font que trouer la coque du bateau pour le réparer ne nous mènera nulle part.

Il faut dès lors cesser de mettre en lumière les méfaits de ces quelques personnes, et se concentrer sur celles qui sont à même de nous tirer vers le haut. Il s’agit de chacun de nous, à notre niveau. Depuis trop longtemps maintenant, nos esprits sont focalisés sur les problèmes et les incohérences, il est temps de se concentrer sur les solutions pour en sortir. Cela commence par une refonte complète de ce jeune système mort-né, qui, il faut bien le dire, ne fonctionne pas. Nous nous sommes certes trompés en choisissant un régime parlementaire, il n’est cependant pas trop tard pour rectifier le tir. Nous devons embrasser le changement, prendre le vent qui le souffle et avancer avec ses vagues, aussi déchaînées soient-elles, comme nous l’avions fait il y a dix ans, comme nos ancêtre l’avaient fait tant de fois auparavant.

Et si les moyens conventionnels ne fonctionnent pas, il revient à nous d’en créer de nouveaux, quitte à nous tromper et apprendre pour mieux rebondir. C’est un processus que nous avons initié il y a déjà plusieurs années, nous devons continuer en corrigeant ce qui ne fonctionne pas, à commencer par les instances dirigeantes qui se révèlent malheureusement incapables de s’entendre et de faire front ensemble. Il s’agit bien là d’une qualité que nous possédons tous, à nous de la mettre à profit de notre chère Tunisie.

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