mercredi 4 décembre 2024
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Les Contemporains

« Parler beaucoup de soi peut être un moyen comme un autre pour se cacher » Nietzsche, Par delà le bien et le mal

La tribune est gratuite. Infinie, inépuisable, illimitée. Omniprésente, elle prend le pas sur ses hérauts, qui ne sont malheureusement plus que des instigateurs de feux de paille aussi vides qu’inutiles. Prenant plusieurs formes, se déclinant en plusieurs formats, elle est presque universelle, voire omnipotente. Rassemblant les opinions plus que les informations, les réactions plus que les réflexions, elle n’est plus qu’un immense cirque où se mêlent le culte de la personnalité et le désir de reconnaissance.

Loin d’être à l’origine de son actuelle forme, elle n’a cependant pas su, ou pu, s’empêcher de devenir un exutoire pour une génération en mal de repères. Une génération perdue, qui ne sait concilier l’éducation archaïque qu’elle a reçue, et la réalité d’un monde en perpétuelle évolution.

Alors elle se soumet. Sans dire un mot, sans résister, elle se laisse faire, se laisse modeler au gré des troubles psychologiques propres à toute une génération. Des troubles grandissant à une vitesse exponentielle, incompris et refoulés, se nourrissant des doutes et des peurs de leurs hôtes. Et du silence.

Aujourd’hui, tant de jeunes se trouvent dans cette situation. Incompris de leurs aînés, maltraités par un pays qui ne reconnaît pas leur valeur, étouffés par l’incompétence et la fermeture d’esprit des institutions qui les gouvernent. Ils n’ont d’autre moyen d’expression que des images et des sons balancés à qui veut les entendre sur ces plateformes. Un soulagement temporaire, futile, qui panse le temps de quelques likes le manque et la douleur, et entraîne son auteur dans une illusion de grandeur. Mais le jeu prend vite fin, et le besoin se fait ressentir, plus fort, plus criant. Alors il se laisse de nouveau aller, poste, commente, réagit. Il s’énerve, rigole, et pleure. Au gré de ces « actions », il se prend pour une icône, s’échappe d’une réalité qu’il exècre. Et le schéma se répète.

Le mal est profond, enraciné dans une génération qui semble servir de transition entre deux mondes. Une génération sacrifiée sur l’autel de la digitalisation – suite logique de la mondialisation – qui doit en subir les retombées sordides, peut-être pour éviter le même sort à sa descendance. Ses ancêtres morts pour la liberté ont connu leur fléaux, peut-être ressentaient-ils aussi la gloire pendant la guerre. Ils ont en tout cas bâti la liberté de leurs enfants avec leur sueur et leur sang. Cette génération en a aujourd’hui elle aussi l’occasion, qu’elle ne se sacrifie pas en vain, et connaisse la gloire de se libérer et bâtir sur ces bases putrides un avenir plus … un avenir.

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