mardi 19 mars 2024
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Immersion dans le non droit

Par Zouhair BEN JEMAA

Sfax s’apprête à se doter d’un nouveau CHU flambant neuf offert par la CHINE, et l’on est en droit de se demander par qui ce CHU sera t-il géré, par une profession complètement malade ? Par des étudiants, des internes et des résidents complètement démotivés ? Pour dire les choses vite, le CHU H. BOURGUIBA de Sfax qui est sensé former le personnel de demain est un formidable gâchis que nous avons payé cher, que nous continuerons à payer cher si l’ordre légal n’y est pas rétabli ! La corruption s’y pratique dès l’entrée de l’hôpital, et circule à tous les niveaux grâce à la connivence entre certains syndiqués, une infime minorité parmi les médecins APC, une minorité de paramédicaux qui ont trop pris l’habitude de gagner de l’argent facile, une partie de professionnels qui ont peur, surtout après les menaces physiques directes et indirectes exercés sur eux par les ripoux et leurs sbires, une majorité de jeunes et d’assistants qui ont baissé les bras cédant au découragement, et enfin une majorité de patients et de citoyens qui ne mesurent pas assez le danger qui pèse sur l’avenir de notre système de santé ! Tout responsable qui s’attèle à informatiser les services pour garantir une traçabilité est vite repéré, saboté, boycotté et si nécessaire agressé ! Pourtant, une inspection a bien eu lieu et a clairement reconnu la corruption et les malversations. Et quand quelques têtus ont réussi à informatiser une partie du département médicaments, les fuites ont nettement chuté ; ainsi, il suffit d’appliquer la loi, d’informatiser tous les services de l’établissement pour instaurer enfin une gouvernance transparente et efficiente !

Aujourd’hui, le système vicié permet tous les dépassements, tous les passe-droits, l’indiscipline, l’impunité et surtout le découragement de ceux qui auraient pu être les bons professionnels de demain ! Les citoyens patriotes sont frustrés par l’immobilisme mortifère de ceux qui sont sensés gérer la crise aigüe que traverse notre pays en général, et notre système de santé en particulier. Au lieu de s’occuper de pétards souvent mouillés, et d’expertiser l’expertise, nos médias auraient mieux fait de se pencher sur la corruption qui sévit partout, pour exiger des réformes et défendre les lois partout où elles sont bafouées ! Comment peut-on espérer remettre l’économie à flots quand les acteurs eux-mêmes sont démotivés ? Comment peut-on espérer améliorer notre système de santé, réaliser la proximité et la qualité des soins quand les professionnels de la santé sont entourés de fauves d’une violence extrême qui sévissent dans l’impunité totale ? Voici l’amère réalité du pays, ces fauves comme leurs protecteurs savent pourtant qu’ils sont en train de sucer un pays exsangue ! Voici installée au CHU de Sfax une nouvelle dictature sans bruit, de gros poissons qui agissent contre la loi, contre la constitution, contre l’éthique, contre la bonne gouvernance, contre la morale, contre l’humanité ; ceci laisse un sentiment pire que la colère : la honte ! Plus on attend pour agir, plus la situation pourrit, et plus la situation pourrit, plus un nouveau vent de craintes et d’angoisses se lèvera.

Nos élus ne pourraient-ils pas désigner une commission parlementaire pour enquêter sur ces gros intérêts financiers qui se magouillent dans un silence de plomb ? N’est-Il pas urgent que tous les citoyens, professionnels, patients et société civile, transforment l’énergie de leur colère en énergie de leur mobilisation pour débarrasser cette institution de tous les cupides et tous les traitres ? On ne saura pas ce qu’est l’espoir si on n’accepte pas de se battre. Un faisceau de preuves concourt à confirmer que si le mal avait un visage, ce serait bien celui de ce barbot qui mène tout l’édifice à la baguette et avec la complicité d’une partie du pouvoir pour ne pas dire de tout le pouvoir ! Ceux qui annoncent l’imminence d’un partenariat public privé, devraient savoir que ce n’est pas avec un service public agonisant et noyé dans la corruption qu’on réussira à seller un partenariat avec des cliniques, certes minoritaires, où la césarienne est devenue le réflexe qui n’est pas toujours médicalement fondé, rien que pour améliorer leurs recettes, des cliniques, qui s’accommodent des rabattages qui leurs viennent de leurs confrères ripoux du public ! Il faut arrêter avec le corporatisme, les bêtises et l’ambiguïté qui paralysent tout le système, et rappeler un peu le sens du serment d’Hippocrate !

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