jeudi 28 mars 2024
Accueil / Société / La Tunisie déchiquetée

La Tunisie déchiquetée

Par Zouhair BEN JEMAA

La passivité de notre Etat est effrayante. Il ne se passe pas un jour sans un évènement déconcertant, et pendant que les citoyens broient du noir, pendant que le moral s’enfonce chaque jour encore plus au fond des chaussettes, on continue à nous distiller la musique de la chanson de tout va très bien madame la marquise ! La réalité est tout autre, depuis le chef du premier gouvernement post révolution GHANNOUCHI, une meute de loups prédateurs s’est ruée sur le pays pour tout dévorer sur son passage. A commencer par certains députés qui ont défrayé la chronique en faisant un front commun pour conserver leurs privilèges ! Les ministres des gouvernements successifs ont eu leurs lots d’incompétents qui ont donné un spectacle affligeant par leur populisme mensonger, par leurs divisions. Et ces aigris, ces mauvais perdants qui ont miné les postes clefs avant leurs départs par des non moins incompétents !

La Tunisie marche sur la tête ! Quoi de plus dégoûtant que d’humilier toute la profession de la médecine en n’appliquant pas les lois de la République, et en laissant une poignée de sois disant syndicalistes régner en maîtres absolus sur la santé publique dans la corruption la plus flagrante, ou en laissant une poignée de voyous tenir en otage tout le système éducatif sans que les parents désorientés puissent placer un mot ? Quoi de plus mortifiant que des cupides et des égoïstes refusent à toute une population le droit à un environnement sain, sans que l’Etat ne puisse appliquer la loi ? C’est le cas du groupe chimique qui ne lésine devant aucun moyen pour continuer ses activités polluantes au mépris de tous les habitants de la côte sud, s’étalant de Sfax à Gabès !

Quoi de plus humiliant que de voir condamner à de la prison ferme d’honnêtes commis de l’Etat dont le seul tord fut d’avoir appliqué les consignes du président déchu sans réaliser le moindre profit personnel, au fait, comment se comportaient les gueulards d’aujourd’hui à la même époque ? Tijani HADDAD, Kamel Haj Sassi viennent de vivre ce monstrueux drame à leurs dépens, ils en souffrent, ils ne le méritent pas. Ces deux bons citoyens ont des idées à en revendre, ils sont respectés par une écrasante majorité du peuple, et leurs places auraient dû être aux commandes à la place de certains incompétents, et certains mafieux qui passent pour nos élites ! Quoi de plus avilissant qu’une justice qui emprisonne les dignes et les innocents, et qui acquitte les criminels et les terroristes ? Quoi de plus dégradant quand l’appareil de la République qui, tout en usant et abusant par le discours de l’union et celui de la citoyenneté, divise en sous mains les Tunisiens entre eux, créant par ce comportement un foutoir aux forts relents communautaires ? Tout le monde dissimule, tout le monde réduit au silence, tout le monde ment ! Il faut savoir que dans cette ambiance délétère, celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu, disait Bertolt BRECHT !

Alors ne nous étonnons plus de voir apparaître de nouvelles formes de combats qui ne semblent pas très regardantes envers la démocratie ! Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable ! Le comportement irresponsable, de certains de nos élites désignés dans le cadre des quotes-parts des partis poussent les citoyens à vouloir substituer la vengeance à la justice causant ainsi un vrai gâchis ! Et dans ces conditions, d’aucuns pourraient souhaiter le retour d’une dictature qui fera semblant de respecter les lois certes, mais qui au moins rétablira l’ordre et neutralisera les criminels et les terroristes, cela transformera les loups d’aujourd’hui en moutons qui raseront les murs, comme par enchantement !

Discussion

A propos de Zouhair BEN JEMAA

Expert en art culinaire et en hôtellerie. Actif de la société civile dans le domaine de la santé. Chroniqueur et écrivain.

A voir aussi

POUR LA PRÉSERVATION DU VIVANT

Par Hédi LABBANEPeintre-enseignant « On a généralisé le baccalauréat comme diplôme de fin d’études secondaires …