vendredi 26 avril 2024
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Inertie et Cris d’Orfraie

Certains pays dits amis se plaisent à diffuser chez eux des images montrant des Tunisiens qui font la queue pour bénéficier d’un repas ramadanesque offert par ces bienfaiteurs, une manière de dire voici le sort de ceux qui ont fait la révolution du printemps arabe ! Bien de chez nous cette fois-ci, de nouvelles figures se lancent dans la bienfaisance et la citoyenneté à coup de millions de dinars, comme si notre pays en crise pouvait s’en sortir avec l’arrogance de l’argent, et se passer de la compétence humaine qui nous a fait tant défaut jusqu’à présent ! La dignité pour laquelle des centaines de citoyens ont perdu la vie est bien lointaine de la scène tunisienne, et ce au vu et au su de l’Etat avec toutes ses composantes. Quoi de plus affligeant, de plus insultant, que de voir des Turques distribuer sous leur drapeau des repas à des pauvres Tunisiens présentés comme affamés ? Et comble de l’aplomb, un politique à deux sous nous rappelle que sans ERDOGAN, les Tunisiens auraient crevé de faim depuis 2011 !

Côté élites, nous assistons à la surenchère de la violence sans que personne ne propose le moindre programme concret pour sortir le pays agonisant de sa torpeur. Un député gluant, connu pour être un cracheur de venin, attend le passage de la caméra pour menacer d’exécution le chef du gouvernement sans que la justice ne bouge. Un politique aigri et mauvais perdant, n’a pas trouvé mieux que de proposer un rêve pour tous les Tunisiens : creuser un canal géant pour relier la méditerranée au Chott El Jerid (sic), et le voilà défendre son projet mordicus, en assurant que toutes les études étaient prêtes et que ce projet garantirait la belle vie à tous les Tunisiens. Les perdants de Nida et les menacés de disparition de la scène politique proposent le report des élections, comme si ce report pouvait résoudre les problèmes économiques aigus que vit le pays depuis huit longues années de vache maigre !

L’UGTT ne s’impose sur la scène que par les muscles et les cris d’orfraie à tout bout de champ. En réalité la centrale ne représente pas toute la classe moyenne non syndiquée et paupérisée depuis la pseudo- révolution, le grand mythe mobilisateur et organisateur de l’UGTT touche à sa fin. Les scandales de malversation au sein de la centrale se multiplient, ici des emplois fictifs par centaines coûtant des milliards aux contribuables, là un train de vie des dirigeants ne correspondant pas à l’esprit des travailleurs, et partout des revendications sans fins, pendant que le rendement baisse à vue d’œil, quand il n’est pas à l’arrêt. Ceci ne fait que plomber la croissance dans la zone dangereuse. La centrale n’a plus la main sur les chômeurs, les humiliés, et les corrompus de ses bases ! Le chantage est son arme fatale qui nous condamne à creuser encore plus alors que nous sommes déjà au fond du puits ! Le citoyen perçoit les cris de l’UGTT comme voulant tout changer pour que rien ne change. Si on ne réforme pas le syndicalisme en Tunisie, et si on ne procédait pas à une refondation intellectuelle des relations entre employés et employeurs, nous n’aurions pas le temps de mettre de l’ordre dans la maison Tunisie !

Notre Tunisie a plus besoin d’un architecte d’intérieur qui osera casser les murs non porteurs, pour libérer les espaces, avoir plus de lumière, et dégager de belles perspectives, plutôt que de fortunés, dont le seul objectif est de prendre le pouvoir pour mieux saigner ce pays déjà anémique, et dont le paysage politique est en champ de ruines. Si les politiques ne se rassemblaient pas autour de compétents pour retrousser les manches et remettre la culture du travail au menu, il serait difficile d’échapper à la malédiction ! Le danger qui nous guette, ce sont ces margoulins qui se dissimulent derrière des associations ou des actions citoyennes pour avancer leur agenda et s’emparer du pouvoir. Certes, le triomphe des démagogues est passager, mais leurs ruines elles, risquent d’être durables.

L’opinion est emportée par la colère contre la corruption et la vague populiste qui balaie aujourd’hui la scène tunisienne, les lanceurs d’alertes nous submergent par la désinformation et les fake news, et pendant ce temps, les politiques continuent à nous distiller des rappels à l’ordre pour respecter la loi et la constitution, alors que tout leur système est gangréné. Comment pouvons-nous respecter ces politiques quand on apprend par la bouche de l’ancien président de l’ISIE, bien qu’avec beaucoup de retard, qu’un parti politique, aujourd’hui aux commandes de l’Etat, avait transgressé toutes les règles lors des dernières élections, et que cela devrait annuler toutes ses listes élues. Le scandale est dans cet entassement de combines et de mensonges restés impunis, pour fait du prince ! Alors que chaque citoyen réalise l’importance des enjeux, qu’il s’assume en s’inscrivant, si ce n’est déjà fait, sur les listes électorales, et qu’il s’assure de faire le bon choix pour que seuls le patriotisme et la citoyenneté priment quand il sera dans l’isoloir, seul avec sa conscience!

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