mercredi 24 avril 2024
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Voter ou choisir : cruel dilemme !

Les médias-et plus particulièrement les plateaux télé-le confirment chaque jour davantage : la campagne électorale est bel et bien commencée ! Je sais déjà, grosso modo, qui sont les candidats à la future élection présidentielle et quels partis vont installer leurs représentants au Bardo. Mais comme la majorité des tunisiens, je suis dans la désillusion la plus totale ! C’est que ma déception est grande, autant que les mensonges que j’ai subi, et encore plus que les échecs dont je supporte les effets au quotidien. De tout cela, j’en suis seul responsable… et l’unique coupable. J’ai écorché ma conscience et bridé ma liberté pour voter contre un candidat aux idées néfastes et à la folie dangereuse à la faveur d’un programme et d’une expérience qu’on m’a vendue au rabais au nom de cette notion imbécile de vote utile. Car enfin, puisque j’ai voté avant tout contre les idées d’un autre, je n’ai donc pas voté pour les miennes !!! Alors pourquoi replonger ? Pourquoi aller voter ? Et si je me résignais à le faire, qui choisir cette fois-ci ? C’est qu’une élection dans une démocratie est censée offrir un choix.Un choix entre des familles politiques, des idéologies et des courants de pensée ; un choix entre des arguments, des solutions, des programmes, des idées, des financements, des priorités… D’ailleurs qui pourrait m’expliquer aujourd’hui, ne serait-ce que les grandes lignes, les programmes sociaux et économiques de l’actuelle majorité ? Sa vision pour une santé publique digne des tunisiens, ses solutions pour relancer l’investissement ? Que sont devenus les promesses et autres engagements claironnés il y a cinq ans ? Et c’est bien là que réside mon problème. Les promesses des candidats sont mises au placard aussi vite qu’elles sont annoncées durant la campagne.

La sagesse populaire, plein de bon sens, affirme que « les paroles n’engagent que ceux qui les écoutent ». A peine installés dans leurs beaux bureaux, nos ministres trouvent bien des raisons de se défausser à grand renfort d’excuses classiques ; il y a d’abord « l’héritage de leurs prédécesseurs » qui ne laisse aucune marge de manœuvre, ensuite c’est « une conjoncture internationale difficile » qui justifie telle mesure injuste ; puis « des conditions météo exécrables » pour justifier la hausse des prix des denrées alimentaires, et enfin « la menace terroriste » qui permet de faire avaler mille et une couleuvres ! Le piège se referme ainsi sur mon bulletin de vote ! Et c’est reparti ! J’assiste de nouveau, impuissant, à une foire médiatique ! Les idées sont inexistantes, et place au déballage et à la tromperie : tous des pourris, tous des voyous, des opportunistes ou alors tous des RCD, tous des islamistes moyen âgeux ! Les réseaux sociaux amplifient bien sûr ce désordre… que dire de la propagande haineuse, distillée à grand renfort de pages Facebook sponsorisées, qui ajoutent de la division à la frustration. Mais enfin, à quelques jours du dépôt des listes électorales, l’heure est encore au marchandage, aux fusions et autres coalitions… et j’observe avec inquiétude que nous nous dirigeons encore une fois vers des élections sans programmes ni vision. Dans ces conditions, je crains le pire… parce qu’en donnant ma voix à celui qui ne porte pas mes idéaux, j’accepte lâchement de les taire. Et ça plus jamais !

Que faire alors ? Voter utile ? je l’ai fait il y a cinq ans ; j’ai donc contribué au marasme actuel… Encore une fois, plus jamais je ne soutiendrais un candidat incapable de me convaincre autrement qu’avec la peur d’un tiers. M’en désintéresser ? M’abstenir ? non ! tant notre jeune démocratie ne peut s’affirmer que si nous tous, tunisiens de tous bords, nous nous approprions le processus politique… c’est notre devoir de citoyen et notre responsabilité envers les générations à venir… Oui j’irais voter… mais échaudé par ma mésaventure des dernières élections, je vais écarter fermement les partis et les candidats qui en appellent au vote utile, au vote responsable et autres inepties de ce genre ! J’ai bien pensé m’intéresser aux programmes électoraux, à leur faisabilité et à leurs financements, aux parcours des femmes et des hommes qui se présentent à mon vote, à leurs formations, à leur culture générale ainsi qu’à leurs expériences passées ; j’ai aussi rêvé de comprendre comment se finançait une campagne électorale…. Je rêve éveillé ! Alors j’ai pris une décision, sage et prudente et je me suis approprié ces mots d’un célèbre acteur français : « il faut toujours voter pour le candidat qui fait le moins de promesses : à l’arrivée, on est forcément moins déçu ! ». C’est dit !

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