mercredi 24 avril 2024
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Qui a peur de qui ?

Par Zouhair BEN JEMAA

Pourquoi notre patriotisme est-il mis aux enchères ? Notre pays n’est-il pas menacé ? Ne sommes nous pas en guerre contre le terrorisme, contre le sabotage économique, social et culturel ? Nos générations futures ne sont-elles pas en danger ? Qu’est ce qui freine alors le gouvernement de promulguer la seule loi qui vaille : sanctionner pénalement les infractions fiscales ? Les Américains qui sont renommés pour être nos plus fidèles conseillers en tout, mettent bien en prison tout fraudeur fiscal chez eux, pourquoi ne nous soufflent-ils pas cette bonne recommandation ? Pourquoi se gêner avec les égoïstes qui se fichent comme d’une guigne du devenir de ce pays chavirant ? Qui a peur de qui ? Les hommes d’affaires honnêtes et patriotes sont en Tunisie et ne comptent pas émigrer, alors que les ripoux pratiquent l’individualisme plutôt que le patriotisme et la citoyenneté. Si on ne commence pas par les gros bonnets, il vaudrait mieux laisser les petits vivoter, le poisson ne pourrit-il pas par la tête ? Et puis le pays en a marre d’attendre des décisions qui ne viennent pas ; marre de voir défiler des milliers de containers tous déclarés chargés de glibettes turques, comme si le Tunisien en consommait des dizaines de tonnes par mois ; marre de voir des sans foi ni loi détruire notre industrie, notre artisanat et notre agriculture.  Qui ne sait pas que les voleurs et les traitres nichent leur argent dans les paradis fiscaux ou privilégient, dans l’opacité totale, la rentabilité immobilière à celle de l’investissement qui prône la création d’emplois ! Les cupides du système achètent les villas et les appartements à la pelle, et déclarent des peanuts à l’Etat qui les protège, qu’est ce qui empêche l’Etat de leurs exiger de justifier l’origine de leurs biens pour renflouer ses caisses, au lieu de pratiquer des potions amères sur le dos des salariés qui,  en plus du poids de l’inflation galopante qui les écrase, se sentent exsangues ? L’Etat ne gagnerait-il pas beaucoup plus en s’attaquant aux criminels et aux traitres de la Patrie qui ont tracé la carte de Tunisie du désastre économique ? Comment voulez-vous rassembler et motiver les citoyens quand ces derniers assistent à l’inaction de tous les gouvernements successifs alors qu’on leur avait fait croire qu’il y a eu une révolution chez eux pour chasser un régime corrompu et dictateur ? Au lieu de cela, ne voient ils pas plus de corruption qu’avant, et puis quoi de plus dur que la dictature de ce nouveau polluant qu’est l’injustice sociale ? N’est-ce pas le moment idéal de revoir l’assiette fiscale, de l’élargir beaucoup plus et d’en réduire les taux ? N’est ce pas un devoir que de renforcer le rapport entre le travail et le revenu pour que la culture entrepreneuriale guide notre société ? L’émotion a trop pris le pas sur la réflexion, et le jour du tsunami, riches et pauvres seront emportés sans distinction aucune, pendant que les charognards de l’intérieur comme ceux de l’extérieur danseront sur le rythme de nos malheurs !

Une immersion dans l’état de non droit qui est le notre, permettrait d’évaluer les magouilles à répétition, et le summum du cynisme ! Des députés déclarent avoir des dossiers de malversations par centaines de millions de dinars à la STEG, à la Pharmacie centrale, au sein de l’ARP, dans les ministères, et la liste est encore longue, que dire alors ! Notre gouvernement actuel, dans cette ambiance délétère, ne pourra pas engendrer des acteurs patriotes et dignes, il donne l’impression d’avoir égaré sa feuille de route. Pendant qu’il claironne défendre les valeurs de la laïcité, de la justice, et de la citoyenneté, tout a l’air d’aller dans le sens contraire ! Quel dégoût de voir certains de nos députés baver de plaisir devant le désordre et l’anarchie, usant et abusant de populisme, pour gagner quelques subsides politiques, encourageant la division et suscitant des dissensions tribales, dans quelle Tunisie seront nous en 2020 ? Je ne sais plus si on peut encore s’accrocher à l’optimisme, tant les réformes tardent à venir et le prestige de l’Etat à s’imposer, mais je conclurai volontiers avec l’excellent résumé de monsieur Mohamed EL BARADAÏ, physicien égyptien qui résumait ainsi l’état de la nation arabe : « Le cercle vicieux de notre réalité : on n’avancera pas sans la stabilité, il n’ y a pas de stabilité sans un consensus national, il n’ y a pas de consensus national sans justice, il n’y a pas de justice sans démocratie, et il n’y a pas de démocratie sans la science »! A méditer.

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