jeudi 28 mars 2024
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Interview : Karim Ben Slimane

Question 1.

Beaucoup de Tunisiens ne connaissent pas leurs compatriotes résidents à l’étranger, comment faire pour créer des liens permanents, et qui est Karim Ben Slimane ?

 

Oui, il est important et urgent que nos concitoyens connaissent la grande diversité des situations des Tunisiens résidents à l’étranger, de rappeler leurs histoires et surtout de connaître leurs contributions au développement économique de la Tunisie, sans oublier bien entendu les « succes stories » de pas mal d’entre eux et qu’il est constructif de mettre en avant !

Pour parler de moi,  j’ai résidé jusqu’à l’âge de 23 ans en Tunisie, j’y ai fait une partie de mes études supérieures à la Faculté des Sciences de Tunis, ensuite j’ai continué en France pour me spécialiser dans l’ingénierie (Mines et Pétroles) pour revernir travailler dans le domaine pétrolier en Tunisie. Je suis retourné en France pour faire de la recherche sur la sécurité des exploitations minières à grandes profondeurs, puis de fil en aiguille et au vu des opportunités qui m’étaient offertes, j’ai déroulé ma carrière pour arriver au poste que j’occupe à présent : Directeur du développement au Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGGM).

 

Question 2.

Qu’attend le Tunisien de l’étranger de son gouvernement et que ce dernier ne fait pas ?

 

Le Tunisien de l’étranger  attend essentiellement une reconnaissance formelle de sa contribution au développement du pays et à son histoire. Cependant, le fait qu’on ait pu élire parmi nous des représentants à l’ARP est un grand progrès. Au-delà, le gouvernement devrait être plus présent dans la défense des intérêts de ses ressortissants à travers nos ambassades, surtout dans ces pays qui ne sont pas très regardants sur la notion des droits de l’homme et de l’émancipation de la femme !

 

Question 3.

Que peut attendre la Tunisie de ses ressortissants de l’étranger que ces derniers ne font pas ?

 

La Tunisie, surtout depuis la révolution de Janvier 2011, est en droit d’attendre de ses ressortissants résidents à l’étranger une plus grande implication dans sa promotion dans leurs pays d’accueil ainsi qu’un plus grand effort dans la participation à l’investissement. Les Tunisiens de l’étranger doivent, et peuvent aussi, notamment ceux qui vivent en Europe, aider leurs compatriotes à progresser dans le sens civique, le respect de l’environnement et des règles de la bienséance au quotidien, du moins pour une bonne partie d’entre eux.

 

Question 4.

Quelle est l’image de la Tunisie en France, et quoi faire pour l’améliorer encore ?

 

La Tunisie a un capital sympathie en France, qui date de la période de Bourguiba, dans tous les milieux politiques et dans toutes les couches de la société. Notre pays apparaît comme un pays moderne, ouvert sur le monde avec un gros potentiel de développement. Cependant, nous constatons un écart entre ce capital sympathie et la réalité de l’aide de la France à la Tunisie. Je pense que notre gouvernement devrait être plus exigent à ce niveau, et nous de notre côté, devrions également faire un effort de lobbying grâce à nos associations pour mieux promouvoir auprès des Français la nécessité morale, amicale mais également géostratégique d’aider la Tunisie !

 

Question 5.

Comment imaginez-vous le lien idéal pour assurer à la deuxième génération le maintien de deux cultures ?

 

Il existe en effet une deuxième génération bien intégrée en France, prenant toute sa place dans la société civile, et assumant pleinement sa double citoyenneté. Le lien avec le pays d’origine existe bien mais il peut être ténu et il faut le consolider en permettant à cette génération, qui est déjà la troisième dans bien des cas, de prendre sa place dans le pays lors de ses différents séjours. Leur principal obstacle reste la langue, et notamment à l’écrit, ce qui peut leur poser des problèmes déjà lors des formalités administratives. Le maintien des deux cultures devrait ainsi être consolidé par les mouvements associatifs  sur les deux rives, par des échanges culturels, du soutien à l’apprentissage de la langue et par une assistance pour monter des projets économiques, sportifs, évènementiels et environnementaux…

 

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