mardi 3 décembre 2024
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Interview : Saïd AÏDI

Qu’est ce qui a amené NIDA à cette situation ?

Nida a été fondé après les élections de 2011, avec un objectif majeur à cette époque cruciale de l’histoire de notre pays : créer les conditions de l’équilibre et de l’alternance politique. Cet objectif essentiel a été atteint en 2014, ce qui tenait du miracle politique. Cependant, NIDA a omis l’essentiel : préparer l’avenir, il s’est enfermé dans la tactique politique sans se soucier de porter un projet d’avenir ! Un parti c’est avant tout des structures légitimes, du militantisme et des compromis utiles pour pouvoir avancer collectivement vers l’essentiel ; sur ce plan également NIDA a manqué d’anticipation. Ces manquements ont eu pour conséquence de livrer le parti aux luttes intestines d’individus, sans pouvoir se référer à des structures légitimes ou des valeurs politiques  solidement ancrées dans l’ADN du parti. Le résultat est cette incompréhension de tous !

Quel est l’avenir de Saïd AÏDI ?

L’avenir immédiat est fait de repos et de réflexion ! Mon avenir personnel s’inscrit dans ce qui reste sacré à mes yeux : l’avenir de mon pays et celui de sa jeunesse. En 2011, cette jeunesse a exprimé des valeurs qui n’ont jamais disparues, et l’avenir de notre pays est intimement lié aux réponses que nous pourrions y apporter collectivement, et il va de soi que ces réponses ne peuvent pas s’inscrire dans une approche de courte vue !

Que pense le citoyen Saïd AÏDI du système de santé en Tunisie ?

Sur la base du constat et des recommandations du dialogue sociétal mené en 2014, il fallait poser les bases et entamer une réforme ambitieuse de notre système de santé pour combattre les inégalités et adapter le système aux besoins du patient, ce que j’ai commencé à entreprendre. Il était impératif de prendre en considération les enjeux du moment que sont le glissement démographique, le déséquilibre territorial, le poids des maladies non transmissibles et le déficit financier structurel qui menace notre système de santé de paupérisation. Ce chantier herculéen s’inscrivait dans le long terme et la continuité de l’action sans céder aux tentations populistes ; j’ai entamé ce chantier avec courage et détermination, en ayant à l’esprit, que si les « perdants » auront accès à tous les médias, les « gagnants à long terme » s’ignoreront ! Il fallait à mon sens donner une priorité absolue à la prévention et à la promotion de la santé, priorité qui dépendra toujours des autres secteurs que sont l’éducation, l’environnement, l’agriculture, le transport, la jeunesse et les sports, il est important de prendre en compte les déterminants de santé qui agissent en amont de notre état de santé !

Comment ce même citoyen que vous êtes définit-il les problèmes du moment que traverse la Tunisie ?

La Tunisie manque aujourd’hui d’un cap ! Nous avons besoin de nous entendre sur le vivre ensemble avec nos sensibilités, de respecter nos différences et de sublimer sur ce qui nous unit, surtout en nous extirpant des illusions de courte vue.  Le sombre état de notre nation ne doit pas nous dévier de l’essentiel : si  la croissance dépend de la reprise des investissements domestiques et étrangers, elle dépend aussi beaucoup de notre capacité collective à trouver les réponses aux dérives qui hypothèquent l’avenir de notre nation. L’altération de la moralité publique et politique, la corruption qui devient endémique avec son adjuvent d’impunité et qui s’enracine dans la conscience et l’inconscience de nos citoyens… Tout dépend de nous, et de notre farouche volonté politique et citoyenne !

Comment pourrait-on inculquer l’esprit entrepreneurial chez nos jeunes qui manquent de motivation ?

Depuis quelques années, la précarité et le chômage endémique se sont enracinés avec un ralentissement de l’investissement. Les mesures prises ont donné des résultats mitigés. Il est nécessaire  de développer la classe créative, de créer un écosystème favorable, de réaliser une infrastructure permettant de combiner idées et compétences. Nous devons régler et restaurer au plus vite la question de confiance, stimuler l’esprit d’entreprise, s’assurer du beau rôle de l’école, des centres de formation professionnelle, de l’université ! Mais les talents ne sont pas qu’à l’école et à l’université, ils sont partout dans la société, nous devons gagner le défi de l’innovation et construire une vision collective. Il y a certes des sujets qui nous séparent, mais la réussite de notre pays doit passer par ce qui nous rassemble, par notre capacité à valoriser la vitalité de notre jeunesse dans nos quartiers et nos campagnes ! Nous avons des valeurs d’un grand pays, une histoire millénaire, une grande aspiration à la liberté, nous devons faire apparaître nos atouts ! La seule cause qui vaille c’est de redonner confiance en l’avenir.

Seuls ceux qui sont suffisamment fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y arrivent !

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