vendredi 29 mars 2024
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Corruption-Santé : Encore et toujours

Par Zouhair BEN JEMAA

On nous annonce chaque jour un nouvel exploit de la corruption dans le domaine médical, sans qu’on enquête, sans qu’on poursuive, sans qu’on sanctionne ! Nos « Dawa3ech » de la médecine n’ont pas fini de noircir la belle image de notre Tunisie et de notre médecine. Des lobbies hyper puissants, des mafieux ont pris le pouvoir dans notre pays en biberonnant tous les intervenants du circuit de la malversation : certains médecins, certains agents de la CNAM, certains patrons de clinique, et même dit-on des journaleux ! Cette spirale infernale ne fera qu’accélérer l’épuisement de notre pays. Après une tempête médiatique orchestrée par des mafieux qui voulaient écarter à tout prix un ministre trop volontaire et trop gênant, l’affaire des stents périmés, car affaire il y avait et affaire il y a encore, a disparu des écrans radars du nouveau gouvernement. Pourtant le chef de ce gouvernement avait été applaudi après son annonce solennelle du haut de la tribune de l’ARP de vouloir combattre la corruption, il avait même lâché le mot « HABS », c’est dire ! Oui, l’affaire est d’une grande gravité, des cardiologues implantent des stents périmés, on dit même que certains stents ont été posés sur des coronaires saines ; d’autres auraient osé poser des stents en nombre pour soulager des patients qui avaient plutôt besoin de chirurgie cardio-vasculaire, ce qui serait du ressort d’une autre spécialité ! On s’étonne comment peut-on appliquer la même sanction à celui qui n’a posé qu’un seul stent, par ignorance, et celui qui en a posé plus d’une cinquantaine ! Il existe une sacrée différence entre celui qui a fauté une fois par inadvertance, et tous ceux qui agissent sur fond de passe-droits, de gestion opaque, et de financements occultes ! Et il est triste de constater que ces fouteurs de troubles tirent leur force des faiblesses de l’Etat et des divisions de ses citoyens.

Alors monsieur le chef de gouvernement, voilà un secteur agonisant, qui dit-on, est atteint par la gangrène, ne pensez-vous pas qu’il est urgent de faire quelque chose, même au prix d’une amputation ? Au nom de l’humanité, au nom de ces nombreux professionnels et patients qui souffrent, au nom du serment que vous avez fait envers cette Patrie en deuil, faites la lumière sur ce dossier, appliquez tout simplement la loi de la République, sans calcul, sans concession, et vous gagnerez les voix de tous ces internes, de tous ces résidents, de tous ces hospitalo-universitaires qui sont appelés à gérer la santé de demain, de tous ceux, et ils sont nombreux, qui s’activent pour émigrer vers d’autres cieux ! La Tunisie n’en peut plus de voir le temps passer pendant que les scandales défilent. Monsieur CHAHED, l’un des plus beaux et des plus nobles des métiers du monde est en train de virer à l’abîme ! Nous vivons un monde bizarre, il y a ceux qui savent, il y a ceux qui se taisent, qui par peur, qui par lâcheté, et tant pis pour l’éthique aujourd’hui, et tant pis pour les conséquences demain ! Monsieur le chef de gouvernement, battez-vous pour la transparence et la bonne gouvernance, et la majorité des Tunisiens vous suivra avec la foi des enragés, sinon, vous contribuerez à la décadence du pays dont vous avez la charge ! Attaquez-vous sans faiblesse au terreau de la malversation et de la corruption, car, dans cette ambiance délétère, la gestion actuelle de la chose publique ne pourra pas engendrer des acteurs patriotes et dignes ! Nous sommes dans un état de congélation, et derrière chaque professionnel intègre, un poignard guette un dos, seul un Etat fort pourra ramener les choses à leur état éthique ! Les professionnels intègres et les patients du CHU H. BOURGUIBA sont pris en otage par ceux qui se sont assis sur les lois de la République, encore une anomalie historique à éradiquer ! Permettez-moi monsieur CHAHED de conclure avec cette citation de GHANDI : « la mesure de la grandeur d’un pays doit être basée sur la façon dont il prend soin de sa population la plus vulnérable ».

 

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A propos de Zouhair BEN JEMAA

Expert en art culinaire et en hôtellerie. Actif de la société civile dans le domaine de la santé. Chroniqueur et écrivain.

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