jeudi 18 avril 2024
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Mon édito… par Myriam Belkadhi : Opération grand nettoyage

Népotisme, favoritisme, clientélisme, copinage, passe-droits, faveurs, dépassements, partialité, hors-la-loi, pistons, inégalités, injustice…

Voilà les différents mots pour dire les raisons essentielles pour lesquelles il y a eu une révolution en 2011. Il est important de le rappeler.

Voilà ce contre quoi s’est soulevé un peuple pour dire DÉGAGE à une oligarchie qui a sucé un pays tel un vampire. La joie du peuple tunisien descendu pour dire sa joie et son soulagement n’avait d’égal que son aspiration à un avenir meilleur dont le socle serait la liberté, la justice, l’égalité et l’état de droit. Montesquieu disait: “ l’amour de la démocratie est celui de l’égalité ”.

Au grand malheur des tunisiens, le pays s’est engouffré dix ans durant dans une crise énorme, jamais connue dans son histoire moderne ou presque, à telle enseigne que certains en venaient à regretter la dictature et la phrase qui revenait tel un leitmotiv était: “c’était mieux avant !”.

La décision du président Kaïs Saied aussi inattendue qu’importante, préparée par les marches de protestation du 25 juillet, a créé un choc chez tous les tunisiens. Limogeage du chef du gouvernement, gel du Parlement et surtout activation de l’article 80 de la Constitution relatif aux situations exceptionnelles. Le président a décidé de prendre en main la destinée du pays, miné par une crise institutionnelle et une grave crise économique.

D’aucuns ont crié au putsch, notamment le parti Ennahdha et son appendice El Karama, mais le sentiment partagé par l’immense majorité des tunisiens était le soulagement. Ouf ! Enfin on va pouvoir arrêter ce simulacre de démocratie puisque le pays était entre les mains d’incompétents, de corrompus, de véreux… qui ont fait du pays un enfer et qui assume la responsabilité des milliers de décès par le Covid.

Dix ans après le départ de Ben Ali, il est impossible d’imaginer qu’on puisse perdre cette liberté d’expression, cette liberté d’opinion, cette liberté de ton ; mais il impossible d’imaginer aussi qu’on puisse avancer avec ce système sclérosé, dépassé, archaïque, figé. Clap de fin.

La Tunisie doit être réinventée ; tous les modèles doivent être revus. Mais cela doit passer par un grand nettoyage. Inévitablement. Balayer, dépoussiérer, frotter, assainir laver à grande eau…pour pouvoir reconstruire. Il n’est plus possible de laisser le Parlement entre les mains de voyous et autres repris de justice.

Mais nous devons être maîtres de nous-mêmes, de nos choix politiques, de nos choix sociaux. Certes notre situation financière ne nous permet pas de jouer à l’enfant gâté mais nous devons être capables d’expliquer notre situation et de proposer notre vision de la sortie de crise.

Dix ans à oublier. Mais dix ans ne sont rien dans l’histoire d’un pays.

C’est peut-être aujourd’hui que la nouvelle page de la Tunisie est en train de s’écrire.

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