jeudi 3 octobre 2024
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Hôtellerie : Dure bataille

Il existe deux catégories d’hôteliers : les professionnels, et ils sont très peu nombreux hélas, et les intrus qui sont souvent des bricoleurs ! Les premiers respectent leurs schémas d’investissement, budgètent l’entretien de leurs unités, assurent une formation continue, et garantissent en permanence une qualité certaine, tout ceci, convenons-en, a un coût ! Les seconds gonflent leurs investissements, n’ont pas les moyens d’entretenir leurs unités, embauchent au jour le jour, et pratiquent des tarifs en décalage patent avec la qualité douteuse qu’ils proposent ! Les premiers incluent le service de leurs dettes dans leurs coûts, et ont régulièrement honoré, du moins en grande partie, leurs échéances  jusqu’au 31 décembre 2010, alors que les seconds n’ont jamais eu le temps de penser même à leurs dettes tant ils étaient débordés par le quotidien fourré de difficultés ! Les premiers paraissent chers à la vente, et comme par hasard, ils n’ont jamais bradé leurs prix, ils portent bien leurs étoiles et n’ont jamais triché avec la qualité de leurs produits ! Les seconds n’ont jamais été dignes de leurs étoiles, mais le système est ainsi fait, les prix affichés ne sont aucunement justifiés, et le bradage est leur spécialité ! Dans cette confusion générale, on est allé encore plus loin dans l’absurde, sous la pression des TO en se lançant cornes en avant vers le « All inclusive ». Les prix commercialisés à l’étranger pour une même catégorie d’hôtel, varie entre 15 et 100 euros, comprenne qui pourra ? Comment peut-on admettre l’offre de 15 euros,  pour un client qui bénéficie d’une chambre vue mer, qui mange et boit à volonté 24 h/24 ? Au risque de déplaire, un lourd soupçon pèse sur certains hôteliers qui contractent avec des TO qui acceptent de régler une partie du deal en Tunisie et une autre à l’étranger ! Une certitude pour d’autres hôteliers irresponsables qui jouent sur la qualité en servant les plus mauvais vins, les coupant avec de l’eau, en servant des aliments à bas prix et de mauvaise qualité, et en lésinant sur tout pour baisser les coûts au maximum, la réalité est tristement plus prosaïque !

En face de ces hôteliers aussi divers, nous avons des consommateurs également aussi divers : nous avons des privilégiés qui cherchent la qualité et la payent sans rechigner ! Nous avons ceux qui achètent leurs vacances par facilités et jonglent pour faire plaisir à leurs familles, l’appétit vient en vivant ! Et nous avons enfin ceux qui n’ont jamais eu les moyens, ou qui se sont appauvris depuis le soulèvement de Janvier 2011, et qui ne comprennent plus la flambée des prix due essentiellement à l’inflation ! Il faut imaginer l’effet que cela fait à chaque fois aux ménages modestes qui se déchaînent pour boucler des fins de mois difficiles  et qui aspirent à profiter de quelques jours de vacances ! Alors, que peut-on faire pour calmer les esprits et rendre à César ce qui est à César ? D’abord côté Administration qui semble toujours découvrir les problèmes pour la première fois : les pouvoirs publics doivent agir sans délais pour réorganiser les plages des côtes en dehors des zones hôtelières, en leurs fournissant des facilités et des services sous formes de structures légères afin d’y introduire un minimum de civisme et de dignité, ces zones aménagées vont réconcilier les citoyens avec le tourisme dans leur pays ! La même Administration doit se pencher sur la méthode de classement des hôtels et surtout de contrôle des prestations, le jour où un 5 étoiles sera tenu de respecter un descriptif détaillé du contenu de son petit déjeuner, et un cahier des charges sur le nombre et la qualification de son personnel, ce jour là on se remettra à respecter l’hôtellerie Tunisienne ! Enfin côté consommateurs : N’est-il pas plus raisonnable de respecter la liberté de chacun, clients comme prestataires, d’opter pour l’option de son choix ? Il est temps de cesser d’être des consommateurs grincheux et de redevenir des consommateurs citoyens, en apprenant à distinguer la qualité et à l’évaluer ! Les professionnels quant à eux, gagneraient beaucoup à jouer la transparence et à uniformiser leur politique commerciale pour ne plus distinguer le client étranger du client Tunisien ; bien entendu les consommateurs comprendront la différence entre le gros, le demi-gros et le détail ! Notre pays ne pourra se construire qu’avec moins d’inégalité et plus de solidarité, épargnons lui les agitations fiévreuses de ces jours-ci, et arrêtons de mettre tout le monde dans le même sac de la vindicte ! Appeler à boycotter c’est se foutre le doigt dans l’œil, et d’un autre côté, tricher avec la qualité est un acte de traitrise envers l’image de son pays, et de ce côté-là cela ne va pas mieux, vraiment pas !

Zouhair Ben Jemaa

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