jeudi 3 octobre 2024
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Les hôpitaux en Tunisie: la descente aux enfers

Faire confiance au système ! Mais existe-t-il vraiment ce système ?

Question pour commencer : pourquoi avoir tant parlé de cette affaire de stents périmés? Pourquoi s’être acharné par la suite pour un simple chariot de repas de l’hôpital La Rabta ? Et Y a-t-il un lien entre les deux problèmes ???

Et moi, pourquoi je ne laisserai pas tomber – comme beaucoup d’autres – pour continuer simplement à observer le rocher en train de couler doucement au fond de l’océan ? Peut- être aussi qu’il ne coulera pas ? Qui sait ! Après tout, tous les dossiers sont sur le bureau du conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) et aussi sur le bureau du juge d’instruction ! Je pourrais simplement faire confiance au système.

Faire confiance au système !! 

Toute la difficulté est là !! Est ce qu’il y a un système digne de confiance en Tunisie aujourd’hui ! Pas si sûr !

La Rabta n’est pas l’hôpital où j’exerce. Mais j’ai des confrères qui y travaillent et je connais les compétences qui y grouillent.

Cet hôpital aurait dû être le plus riche de tout le territoire, doté d’un service de cardiologie interventionnelle, d’un service de chirurgie cardiovasculaire, viscérale, service de radiologie, de parasitologie, d’immunologie, de maladies métaboliques (unique en Tunisie), de maladies infectieuses…. Et j’en passe. Mais comment cet hôpital est-il devenu déficitaire ? chariot-hopitalTout est lié. Il ne faut pas être un génie pour comprendre. Entre le détournement des patients pris en charge par la CNAM (stents, pontage, chirurgie. …), la mauvaise gestion, le blocage effectué au niveau de certains services par le pouvoir syndical… On en est arrivé à ne pas avoir assez d’argent pour acheter des chariots dignes de ce nom pour servir les patients !!!!

Je ne citerai pas d’exemples de patients ou une pression forte nous pousse à les diriger vers le privé pour un acte qui peut être réalisé à l’hôpital et le travail colossal que nous faisons tous, chacun de son côté, pour lutter contre. Je fais seulement appel au bon sens de tout le monde pour comprendre notre combat, un combat qui est le vôtre : médecins, paramédicaux et patients.

Aujourd’hui c’est peut-être quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui n’a pas les moyens de se faire soigner dans les cliniques privées, mais demain ça sera peut-être quelqu’un que vous connaissez !

Et si le secteur public meurt, le secteur privé mourra peu de temps après car si le privé est un iPhone pour vous, le public en est le chargeur. Et l’iPhone finira par se décharger tôt ou tard.

A titre anecdotique, je vous raconterai que je me suis tant battue pour que, dans mon hôpital, on serve de meilleurs repas aux médecins de garde qui passent leurs nuits à l’hôpital, mais ce soir, je constate que seul mon repas est correct. L’interne et le résident, qui assurent avec moi la garde, ont eu un autre menu !!! J’aurais pu me sentir bien mais non, je sens que j’ai perdu ce combat car il n’y a que mes conditions qui se sont améliorées et pas les leurs.

Au fond, je leur en veux car ils auraient dû défendre leurs droits avec moi et les réclamer haut et fort et mais ils ont laissé tomber déjà leurs droits pour bien d’autres choses et depuis fort longtemps (insultes de la part des parents et manque de respect, en exemple l’interne tabassée aux urgences de Charles Nicolle, une parmi d’autres, devenue fait divers aujourd’hui …).

Mais ceci est applicable à toutes les situations problématiques de la santé. Nous, nous pouvons nous renseigner et nous faire soigner par les meilleurs des meilleurs des cardiologues ou d’autres spécialistes en qui nous avons entièrement confiance et ils sont nombreux parmi les confrères. Mais vous, qu’adviendrait-il de vous, citoyens démissionnaires du sauvetage de votre santé, de vos hôpitaux, de vos médecins, de vos infirmiers….

Nous ne sommes pas le seul secteur touché par la corruption mais nous nous levons contre et nous le crions haut et fort : maintenant c’est à vous de faire front pour combattre ce fléau et qui crierez : nous ne laisserons pas tomber non plus !!.

Dr. Aida BORGI
  ❤️‍SP
  ❤️‍ل.م.ص.

Nb: tous les acteurs de la santé à l’hôpital d’enfants – y compris les professeurs en médecine -se régalent tous les jours en mangeant du  » kaftéji « alors si monsieur Youssef Chahed veut faire un selfie avec nous, aucun problème !

 

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