mercredi 24 avril 2024
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Le secteur de la santé attend son électrochoc !

Par Pr.ag Aida Borgi

Nous ne sommes pas censés crier « AU SECOURS », « AU FEU » tous les jours, ni lancer des alertes, ni mettre la pression pour améliorer les conditions de travail dans un domaine aussi sensible que la santé. On ne devrait se soucier que de notre activité de soin !

Nous ne sommes pas censés non plus dénoncer sur les réseaux sociaux les abus et la mauvaise gouvernance qui sautent aux yeux pour attirer  l’attention des autorités sur le drame actuel que vit le secteur (endettement des hôpitaux, pénurie de médicaments, manque de dispositifs médicaux, fuite des compétences, manque de places, encombrement, agressions…)

D’ailleurs, est ce l’attention des autorités qu’on cherche à attirer ? Les gens au pouvoir ou les proches du pouvoir ne sont-ils pas au courant de la dégradation de la situation ?

Nous avons « normalement » un ministère de tutelle qui devrait nous éclairer sur sa stratégie pour résoudre les urgences extrêmes connues par tous les acteurs de la santé, mais peut-on avoir une stratégie si on change de ministre et de cabinet tous les ans ! Chaque changement sert de période de répit pour le gouvernement, pendant laquelle tout le monde observe et attend des actions qui ne viendraient jamais…

Nous avons « normalement » un syndicat des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires censé être consulté pour mettre en place une stratégie de sauvetage, censé défendre nos droits et négocier avec le ministère de tutelle les conditions nécessaires pour garantir notre survie. Oui ! Nous parlons bien de survie des hospitalo-universitaires dévoués.

Nous avons « normalement » un ordre des médecins, censé défendre le métier, préserver sa noblesse et sanctionner ceux qui nuisent par leurs agissements à la qualité des soins !

Nous avons « normalement » des centaines d’associations pour défendre les patients et leurs droits ! C’est à eux de crier et de lancer des alertes !

Nous avons « normalement » une liberté de presse et une dizaine de média privé et public censés enquêter sur la situation précaire de la santé publique, les difficultés du secteur privé, le désert médical, la démographie médicale, les conditions de travail, les taux de mortalité, les taux de guérison, le coût de la prise en charge, la situation financière des hôpitaux, les épidémies, l’état des caisses nationales d’assurance maladie, mais encore les succès et les avancées de la médecine.

Nous avons « normalement » beaucoup de partis politiques qui promettent de sauver le secteur de la santé et qui crient à l’injustice sociale … Ah ! Faut-il encore patienter quelques mois, pour les entendre de nouveau scander des slogans avant les élections de 2019 !

Nous avons « normalement » écrit un article dans la constitution qui stipule que la santé est un droit pour tous ! Mais de quelle santé parlons-nous, celle d’aujourd’hui ou celle de 2030 ?

Aujourd’hui, les faits sont là !

Les plus dévoués se sont lassés de s’acharner et de dénoncer un système qui ne bouge pas ! Ils s’accrochent mais finissent par quitter… Un jeune pédiatre à qui on barre le chemin pour accéder à la carrière HU malgré une pénurie de médecins dans sa région, un chef de service qui finit par quitter car harcelée d’avoir dénoncé la mauvaise gouvernance et la corruption, un professeur en médecine qui finit par quitter un CHU pour aller travailler dans un hôpital de circonscription…

Des projets pour lesquels des professionnels de la santé, des représentants de la société civile et des patients ont travaillé longuement et avec un grand dévouement mais n’ont jamais vu le jour, et je ne citerai que le dialogue sociétal qui a sillonné toutes les villes du pays et le projet de loi sur les droits des patients et la responsabilité médicale !

Ce n’est pas à nous soignants seulement de se révolter ! Se révolter contre ce système de santé est le devoir de nous tous ! Soignants, patients, journalistes, associations, partis politiques…

La santé, tout comme l’éducation est l’affaire de tous ! Et si vous ne bougez pas, personne ne le fera pour vous !

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