mardi 23 avril 2024
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Nawal El Saadawi

Nawal El Saadawi, figure majeure du féminisme égyptien et arabe, est née en 1931 dans un village du delta du Nil.

Médecin psychiatre, écrivaine, féministe, démocrate, Nawal El Saadawi sera de tous les combats contre la dictature égyptienne, la société patriarcale, les différentes formes d’oppression des femmes et l’intégrisme religieux.

Issue d’une famille bourgeoise et cultivée, elle fera d’excellentes études couronnées par son diplôme de médecin.

Cependant, elle avoue s’être fait excisée à 6 ans…une mutilation voulue et supervisée par sa mère, musulmane pratiquante.

Elle exerce son métier dans divers établissements publics et, elle est promue en 1958 à un poste de directrice générale au sein du ministère de la Santé. En 1969 elle publie « la femme et le sexe » qui traite de religion, de sexualité et du traumatisme de l’excision…autant de sujets tabous en Egypte.

Ses écrits sont aussitôt interdits et elle est congédiée de son poste du ministère de la Santé ! Malgré cela, elles continuent d’écrire et se fait publier à Beyrouth.

En 1981, elle est condamné à trois mois de prison pour avoir critiqué le Pt Sadate et son système politique articulé autour du parti unique.

Trois mois, au cours desquels, à l’aide d’un rouleau de papier hygiénique et d’un crayon de maquillage , elle rédige « Mémoires de la prison pour femmes » qui fut publié à Londres.

Elle écrit ces mots forts : « le danger a toujours fait partie de ma vie, du moment où j’ai pris un stylo et je me suis mise à écrire ».

Elle tente de fonder un parti composé uniquement de femmes. Mais les autorités lui refusent cette initiative.

Nawal El Saadawi est co-fondatrice de l’Association Arabe pour les Droits de l’Homme et fondatrice de l’Association de Solidarité des Femmes Arabes.

En 2007, elle publie « Dieu présente sa démission à la réunion au sommet », une pièce de théâtre jugée blasphématoire par les conservateurs de tous bords. Elle est contrainte d’en détruire tous les exemplaires imprimés !

Les menaces de groupes islamistes l’amenent finalement à s’éxiler à l’étranger. Elle revient cependant en Egypte en 2011 avec le début du printemps arabe.

Elle apporte son soutien aux manifestants de la place Tahrir et, aux cotés, notamment de Souhayr Belhassen et Bochra Belhadj Hamida, elle signe « l’appel des femmes arabes pour la dignité et l’égalité ».

Plus tard, elle affiche son soutien à l’appel du Pt Caied Essebsi pour l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme.

Mais elle ne compte pas que des amis en Tunisie. Ainsi elle est qualifiée par le journal d’Ennahdha, Al Fajr, de « promotrice de la prostitution et de l’homosexualité » !!! Dans son édition du vendredi 15 mars 2013, en page 10, le journal ne trouve pas de mots assez durs pour dénigrer cette grande et authentique militante…

Nawal El Saadawi écrit dans « Mémoires de la prison des femmes »: « Mon crime le plus grand est d’être une femme libre à une époque ou l’on ne tolère que les esclaves. Je suis née avec un cerveau qui pense à une époque où l’on cherche à tuer la raison. »

Finalement tous les procès qu’on lui a intentés ne sont que des mesures de rétorsions visant à punir les audaces de cette femme libre ayant oser défier le machisme ambiant dans la société arabo- musulmane.

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