vendredi 19 avril 2024
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Mon édito… par Myriam Belkadhi : Célébrer l’Indépendance : un devoir, au delà de la commémoration.

La question de fêter ou pas l’Indépendance de son pays pose des problème majeurs et de multiples questions : problème d’éthique, problème d’appartenance, problème de respect envers l’histoire, problème de reconnaissance envers les bâtisseurs et par dessus-tout problème de mémoire collective à sauvegarder.

Il s’agit d’union nationale autour d’un projet commun construit sur un socle de valeurs partagées par tous. Fêter l’Indépendance c’est fêter la liberté confisquée à un moment donné de l’histoire à cause de la traîtrise d’un petit groupe et à cause de la commission financière internationale, qui s’est chargée en 1869 de gérer la dette de la régence de Tunis avant l’installation du protectorat français en 1881. Suite à quoi, il a fallu de la sueur, des larmes, des combats, du sang, des morts pour que la Tunisie retrouve sa souveraineté perdue.

Par son emplacement stratégique, il est bon de rappeler que la Tunisie était devenue l’enjeu de la rivalité des puissances successives, l’Espagne de Charles Quint, le jeune Empire Ottoman puis la France, qui prend le contrôle de la province ottomane pour devancer sa rivale italienne. Marquée par de profondes transformations structurelles et culturelles, la Tunisie a vu s’affirmer rapidement un mouvement nationaliste qui conclut avec la puissance tutélaire les accords aboutissant à l’Indépendance en 1956.

Et si aujourd’hui cette fête n’est pas considérée comme sacrée et fêtée comme il se doit , c’est qu’il y a un grave problème . Parce que l’Indépendance n’est pas un état de choses. C’est un devoir. L’Indépendance s’obtient au prix de nombreux sacrifices. Et ce n’est certainement pas aux gouvernants choisis par les citoyens pour gérer les affaires du pays de décider de l’importance de cette célébration !

Et s’il y a une telle froideur dans la reconnaissance de l’importance de cette date clé dans l’histoire de la Tunisie, c’est que le problème est lié à la nature du rapport qu’on entretient avec la patrie d’abord et avec l’histoire.

C’est profondément révélateur.

Par ailleurs, et cette année en particulier, l’absence de drapeaux symbolisant la solennité de la date de l’Indépendance marque encore une fois l’ampleur du désaccord à la tête du pays. C’est un réel désastre ! La crise politique se manifeste chaque jour davantage. Nous croyons avoir dépassé cette proche période où les dirigeants ont décidé de ne pas fêter l’Indépendance croyant pouvoir réécrire l’histoire de la Tunisie animés en cela par la haine et la bêtise…

Les Tunisiens avaient fait une razzia sur les vendeurs de drapeaux.

Cette année ce sont les réseaux sociaux qui ont été envahis par les drapeaux; et les gens étaient tellement fiers de voir Google fêter l’Indépendance de la Tunisie en affichant leur drapeau en page d’accueil.

La crise politique a atteint son paroxysme. Il y a chez certains l’ambition enfouie de réécrire l’histoire de la Tunisie. Sauf que le patriotisme est assez solide pour contrer ces rêves sordides. La tâche est bien dure quand on partage sa terre avec des personnes qui veulent effacer le patrimoine et la mémoire.

Autre crainte : celle d’une nouvelle forme de colonisation, sournoise et carnassière qui viendrait s’installer et dont la tâche serait facilitée par les traîtres. Vigilance vigilance !

Vive la Tunisie et bonne fête de l’Indépendance.

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